À 37 ans, après 6 années de compétitions (régionales, nationales et mondiales), l’apnéiste Nicolas Fougerousse, licencié au Club de plongée d’Aix-les-bains, a décidé d’arrêter sur un beau geste : un titre de vice-champion de France 2017 en Dynamique (DYN). Nous l’avons questionné, voici son interview.
Nicolas, pourquoi cette décision ?
Comme souvent, ce sont plusieurs paramètres qui font une décision. Mon agenda professionnel et mon agenda d’écrivain ont eu raison de celui de compétiteur. Il y a eu aussi le manque de plaisir à devoir tout enchaîner. Cette décision, j’y pensais depuis quelques temps déjà. Mais un jeudi soir, trois semaines avant les championnats de France 2017 en mai dernier, je me suis mis à imaginer ce que serait mon quotidien sans les entraînements et les compétitions. Et cette perspective m’a beaucoup plu ! Je suis passé à l’acte. J’ai décidé de stopper les compétitions pour revenir sur de l’apnée loisir / plaisir.
Tu as eu un chouette palmarès, peux-tu nous le rappeler ?
J’ai commencé les compétitions au printemps 2011. Dès 2012, je fais quelques podiums en compétitions régionales et je participe pour la première fois aux Championnats de France.
En 2014, en Dynamique monopalme, j’empoche la médaille de bronze avec 202 mètres, aux Championnats de France FFESSM.
En 2015, je suis sélectionné en équipe de France AIDA, j’établis la 5ème meilleure performance lors des Championnats du Monde AIDA avec 220m.
En 2016, toujours en Dynamique, je fais 216 mètres en bassin de 25m, ce qui est un record de France FFESSSM, mais non homologué.
Et en 2017, j’obtiens un titre de vice-champion de France FFESSM avec 230 mètres : mon record personnel. Je suis sélectionné en équipe de France FFESSM pour participer aux Championnats d’Europe CMAS, mais je décline l’invitation. Et c’est là-dessus que je décide d’arrêter ma “petite carrière”. 🙂
“Le jour J de la compétition, il faut programmer son mental pour le mettre au niveau du corps. Et pendant les entraînements, il faut programmer son corps pour le mettre au niveau du mental.”
Tu n’avais pas envie d’aller plus loin ? Pourquoi ?
J’ai toujours associé ma pratique de l’apnée à une certaine forme de plaisir. Mais depuis quelques mois, ma seule motivation c’était de monter sur le podium, avec le big smile qui va avec. Clairement, aux entraînements, c’était devenu 95% de contraintes pour 5% de plaisir, donc je ne me retrouvais plus là-dedans. En même temps, personne ne me forçait en quoi que ce soit : c’était avant tout de ma propre volonté. Et j’ai été super bien accompagné et coaché…
Oui, avec Jérôme Chapelle, fondateur de GG Coaching, c’est ça ?
Tout à fait. J’ai fait appel à Jéjé à la fin de la saison 2013. Depuis plusieurs mois, je me rendais compte que je tournais en rond dans ma pratique. Il me semblait avoir tout testé, tout essayé, et je ne voyais plus comment progresser. J’ai donc contacté Jérôme et je lui ai expliqué mes objectifs. Il m’a créé une planification quotidienne et c’est comme ça qu’on a préparé les France 2014. Mon record était de 161m seul. Avec Jéjé, je suis passé en quelques mois à 202 mètres. Et une médaille de bronze, à ma très grande surprise ! Bref, ça fonctionnait ! Alors on a continué.
Concrètement, c’était quoi ton quotidien de compétiteur ?
C’est avant tout un “vrai” job à côté, un plein-temps ! L’apnée n’est qu’une passion ! En quelques chiffres, c’est 6 entraînements par semaine, 10 heures de sport par semaine, des entraînements piscine, des entraînements à sec, de la muscu, des assouplissements, du cardio, etc. C’est Jérôme Chapelle qui rythmait mon quotidien d’apnéiste, et c’est grâce à lui que j’ai réalisé ce rêve sportif…
Pourquoi un rêve ?
Parce que je n’y pensais absolument pas quand j’ai commencé ! Je voulais simplement me remettre à l’apnée ! J’y avais goûté un peu quand j’avais 17 ans, en 1997, mais quand j’ai repris en 2010, c’était juste pour une pratique loisir. Sauf qu’en loisir, j’avais des résultats pas mal, et j’ai regardé ce que ça pouvait donnner si je faisais la même chose en compétition. Donc c’est parti comme ça.
Mais je ne me suis jamais considéré comme un sportif… Aux entraînements, j’avais souvent tendance à rechigner, à râler même, où à ne faire que 90% du job, et pas les 10% restants. Mais je savais me concentrer mentalement pour être présent le jour J aux compétitions, et donner le meilleur. Encore une fois, c’est grâce à Jéjé, qui m’a orienté mentalement vers la visualisation. Et ça a bien fonctionné. Pendant la compétition, il faut programmer son mental pour le mettre au niveau du corps. Et pendant les entraînements, il faut programmer son corps pour le mettre au niveau du mental.
Et d’autres disciplines, comme le statique, ou la profondeur, ne t’intéressent pas ?
Si, bien sûr. J’aime beaucoup le statique, mon record perso s’établit à 7.11min. J’adore cette phase de bien-être total les 2 ou 3 premières minutes, puis la maîtrise des spasmes du diaphragme, tout en douceur d’abord, avant que le véritable combat advienne pour rallonger le temps. Donc je vais continuer, mais en loisir ! 🙂
Quant à la profondeur, j’ai appris la technique de Frenzel il y a quelques mois à peine ! Donc autant dire que je débute, et je n’ai aucune perspective de côté-là. Même si j’habite à côté du plus grand lac de France, dessous c’est froid, c’est noir, bref rien d’engageant ! Et je prévois pas de déménager en bord de mer…
On t’a vu sur ton profil Facebook en train de lire un livre au fond d’une piscine. Tu peux nous en dire plus à propos de ton activité de romancier ?
C’était un moyen (ponctuel et marrant) de tisser un lien entre l’apnée et l’écriture. Car oui, l’écriture m’accompagne depuis que j’ai 17 ans. En 2013, j’ai commencé l’écriture d’un roman, “Celle qui écrivait des poèmes au sommet des montagnes”. Je l’ai envoyé à un maison d’édition basée à Genève, les Éditions Jouvence, et celle qui allait devenir ma future éditrice l’a adoré ! Mon premier roman a donc été publié en juin 2016.
Et ça fonctionne bien ?
Je n’ai pas à me plaindre ! Mais oui, il a trouvé son lectorat, bien au-delà de ce que j’avais imaginé ! Mes lecteurs sont ravis, ma maison d’édition est ravie, je le suis également ! Donc je continue dans cette voie, avec l’écriture d’un deuxième roman…
On te reverra quand même au bord des bassins ? En tout cas, nous te souhaitons une bonne continuation et du succès dans ces nouvelles aventures !
Merci…! 🙂
Oui bien sûr, je reste dans les parages ! Je redescends à deux entraînements par semaine désormais, mais pour le loisir !