Il y a quelques années, GG Coaching, alias Jérôme Chapelle, créait une vidéo pour expliquer comment bien réussir son virage en Dynamique et en Sans palme. Voici la vidéo explicative. Désormais, plus d’excuses pour louper son virage ! 🙂
À 37 ans, après 6 années de compétitions (régionales, nationales et mondiales), l’apnéiste Nicolas Fougerousse, licencié au Club de plongée d’Aix-les-bains, a décidé d’arrêter sur un beau geste : un titre de vice-champion de France 2017 en Dynamique (DYN). Nous l’avons questionné, voici son interview.
Nicolas, pourquoi cette décision ?
Comme souvent, ce sont plusieurs paramètres qui font une décision. Mon agenda professionnel et mon agenda d’écrivain ont eu raison de celui de compétiteur. Il y a eu aussi le manque de plaisir à devoir tout enchaîner. Cette décision, j’y pensais depuis quelques temps déjà. Mais un jeudi soir, trois semaines avant les championnats de France 2017 en mai dernier, je me suis mis à imaginer ce que serait mon quotidien sans les entraînements et les compétitions. Et cette perspective m’a beaucoup plu ! Je suis passé à l’acte. J’ai décidé de stopper les compétitions pour revenir sur de l’apnée loisir / plaisir.
Tu as eu un chouette palmarès, peux-tu nous le rappeler ?
J’ai commencé les compétitions au printemps 2011. Dès 2012, je fais quelques podiums en compétitions régionales et je participe pour la première fois aux Championnats de France.
En 2016, toujours en Dynamique, je fais 216 mètres en bassin de 25m, ce qui est un record de France FFESSSM, mais non homologué.
Et en 2017, j’obtiens un titre de vice-champion de France FFESSM avec 230 mètres : mon record personnel. Je suis sélectionné en équipe de France FFESSM pour participer aux Championnats d’Europe CMAS, mais je décline l’invitation. Et c’est là-dessus que je décide d’arrêter ma “petite carrière”. 🙂
“Le jour J de la compétition, il faut programmer son mental pour le mettre au niveau du corps. Et pendant les entraînements, il faut programmer son corps pour le mettre au niveau du mental.”
Tu n’avais pas envie d’aller plus loin ? Pourquoi ?
J’ai toujours associé ma pratique de l’apnée à une certaine forme de plaisir. Mais depuis quelques mois, ma seule motivation c’était de monter sur le podium, avec le big smile qui va avec. Clairement, aux entraînements, c’était devenu 95% de contraintes pour 5% de plaisir, donc je ne me retrouvais plus là-dedans. En même temps, personne ne me forçait en quoi que ce soit : c’était avant tout de ma propre volonté. Et j’ai été super bien accompagné et coaché…
Oui, avec Jérôme Chapelle, fondateur de GG Coaching, c’est ça ?
Tout à fait. J’ai fait appel à Jéjé à la fin de la saison 2013. Depuis plusieurs mois, je me rendais compte que je tournais en rond dans ma pratique. Il me semblait avoir tout testé, tout essayé, et je ne voyais plus comment progresser. J’ai donc contacté Jérôme et je lui ai expliqué mes objectifs. Il m’a créé une planification quotidienne et c’est comme ça qu’on a préparé les France 2014. Mon record était de 161m seul. Avec Jéjé, je suis passé en quelques mois à 202 mètres. Et une médaille de bronze, à ma très grande surprise ! Bref, ça fonctionnait ! Alors on a continué.
Concrètement, c’était quoi ton quotidien de compétiteur ?
C’est avant tout un “vrai” job à côté, un plein-temps ! L’apnée n’est qu’une passion ! En quelques chiffres, c’est 6 entraînements par semaine, 10 heures de sport par semaine, des entraînements piscine, des entraînements à sec, de la muscu, des assouplissements, du cardio, etc. C’est Jérôme Chapelle qui rythmait mon quotidien d’apnéiste, et c’est grâce à lui que j’ai réalisé ce rêve sportif…
Pourquoi un rêve ?
Parce que je n’y pensais absolument pas quand j’ai commencé ! Je voulais simplement me remettre à l’apnée ! J’y avais goûté un peu quand j’avais 17 ans, en 1997, mais quand j’ai repris en 2010, c’était juste pour une pratique loisir. Sauf qu’en loisir, j’avais des résultats pas mal, et j’ai regardé ce que ça pouvait donnner si je faisais la même chose en compétition. Donc c’est parti comme ça.
Mais je ne me suis jamais considéré comme un sportif… Aux entraînements, j’avais souvent tendance à rechigner, à râler même, où à ne faire que 90% du job, et pas les 10% restants. Mais je savais me concentrer mentalement pour être présent le jour J aux compétitions, et donner le meilleur. Encore une fois, c’est grâce à Jéjé, qui m’a orienté mentalement vers la visualisation. Et ça a bien fonctionné. Pendant la compétition, il faut programmer son mental pour le mettre au niveau du corps. Et pendant les entraînements, il faut programmer son corps pour le mettre au niveau du mental.
Et d’autres disciplines, comme le statique, ou la profondeur, ne t’intéressent pas ?
Si, bien sûr. J’aime beaucoup le statique, mon record perso s’établit à 7.11min. J’adore cette phase de bien-être total les 2 ou 3 premières minutes, puis la maîtrise des spasmes du diaphragme, tout en douceur d’abord, avant que le véritable combat advienne pour rallonger le temps. Donc je vais continuer, mais en loisir ! 🙂
Quant à la profondeur, j’ai appris la technique de Frenzel il y a quelques mois à peine ! Donc autant dire que je débute, et je n’ai aucune perspective de côté-là. Même si j’habite à côté du plus grand lac de France, dessous c’est froid, c’est noir, bref rien d’engageant ! Et je prévois pas de déménager en bord de mer…
On t’a vu sur ton profil Facebook en train de lire un livre au fond d’une piscine. Tu peux nous en dire plus à propos de ton activité de romancier ?
C’était un moyen (ponctuel et marrant) de tisser un lien entre l’apnée et l’écriture. Car oui, l’écriture m’accompagne depuis que j’ai 17 ans. En 2013, j’ai commencé l’écriture d’un roman, “Celle qui écrivait des poèmes au sommet des montagnes”. Je l’ai envoyé à un maison d’édition basée à Genève, les Éditions Jouvence, et celle qui allait devenir ma future éditrice l’a adoré ! Mon premier roman a donc été publié en juin 2016.
Et ça fonctionne bien ?
Je n’ai pas à me plaindre ! Mais oui, il a trouvé son lectorat, bien au-delà de ce que j’avais imaginé ! Mes lecteurs sont ravis, ma maison d’édition est ravie, je le suis également ! Donc je continue dans cette voie, avec l’écriture d’un deuxième roman…
On te reverra quand même au bord des bassins ? En tout cas, nous te souhaitons une bonne continuation et du succès dans ces nouvelles aventures !
Merci…! 🙂 Oui bien sûr, je reste dans les parages ! Je redescends à deux entraînements par semaine désormais, mais pour le loisir !
Samedi 13 et dimanche 14 mai 2017 avait lieu le Championnat de France FFESSM 2017 à Montluçon. Marie Ekstets et Nicolas Fougerousse en sont revenus vice-champion de France, respectivement en statique (STA) et en dynamique (DYN).
Encore une fois, les représentants-compétiteurs du CPALB (Club de plongée d’Aix-les-bains) ont frappé fort cette année aux France 2017.
Après une saison compliquée pour Nicolas et Marie, les incertitudes sont demeurées présentes jusqu’au dernier moment. La forme physique est une chose, le mental en est une autre. Et c’est lors d’enjeux comme celui-ci que tout se mesure…
Marie Ekstets : l’épreuve de statique (STA)
Le samedi matin avait donc lieu l’épreuve de statique (STA). Marie Ekstets passe à 9H00, dans la première série. Coachée par Nicolas durant sa performance, elle parvient à trouver cet état particulier, entre relâchement et envie d’en découdre, tout en restant bien à l’écoute de ses sensations. Les minutes passent, les spasmes arrivent très tôt pour Marie, mais elle lutte, elle gère, elle ne lâche rien. Les 6 minutes passent, elle se rapproche lentement du bord, encore quelques secondes, et elle sort ! 6.18min ! Bravo Marie !
C’est Béatrice Del Negro qui remporte la première place en statique, avec un nouveau record de France fédé de 6.49min. Marie se classe 2ème devant Emilie Vernier et devient ainsi pour la 2ème fois consécutive vice-championne de France en statique.
Nicolas Fougerousse : l’épreuve en dynamique (DYN)
Le samedi après-midi a lieu l’épreuve de Dynamique monopalme. Nicolas rentre progressivement dans sa bulle, coaché et rassuré par Jérôme Chapelle (GG Coaching). Il le sait : il va falloir sortir une attitude de guerrier, aller au bout de soi.
15H36 : top départ. « La technique d’ondulation, les sensations, c’est la dernière, on y va, on lâche rien ». Tels sont les mots qui accompagnent Nicolas durant son voyage dynamique. 50 mètres + virage : envie de respirer, déjà, comme d’habitude. Mais on continue. 75m, ça comment à « piquer » au niveau des cuisses. 100 mètres, virage, on se refait, allez. C’est maintenant, cette longueur est importante. 125m, les jambes sont emplies d’acide lactique, bientôt elles seront un poids mort. Et pourtant, la moitié du voyage est faite, seulement… Virage des 150 mètres, allez, guerrier. Là-bas, ce sont les 200m, on lâche rien. La technique, les sensations. Virage des 200m. Comment ça va ? Quelles sensations ? Allez, go ! On poursuite ! La technique, l’attitude, ne rien lâcher. La première ligne noire, le milieu du bassin, encore quelques ondulations, « ok je sors ». Grosses inspirations, protocole solide. L’attente. Les sourires. Yes, 230.12 mètres ! Record personnel battu de 10m par rapport aux 220m des Championnats du monde 2015 à Belgrade ! Quel pied ! Voici la vidéo :
Au final, Arthur Guerin-Boeri, le king arthur aux 300 mètres en DYN, prend la 1ère place avec 250m solides. Olivier Elu termine 3ème avec 215m, jouant le combiné des 3 épreuves. Bravo à toutes et tous pour cette belle compétition et courage pour la suite !
Marie : l’épreuve de DNF
Le dimanche matin, Marie Ekstets a finalement rempilé avec la dernière épreuve : le dynamique sans palme (DNF). Elle a envie, elle va aller jusqu’au bout ! Son record personnel est de 139 mètres, mais en ce demande matin 14 mai, son corps lui donnera la possibilité de nager 124m, à moins d’un mètre du podium ! Voici quelques photos sous-marines de François Cètre :
Après une saison 2016 diablement efficace et un titre de vice-championne de France FFESSM, notre apnéiste Marie Ekstets est en ce moment-même aux Championnats du monde AIDA par équipe qui se tiennent à Kalamata, en Grèce.
« En ayant validé proprement toutes ses performances, amélioré tous ses records personnels, et réalisé la meilleure performance féminine en statique lors de ces championnats du monde par équipe, Marie Ekstets est tout simplement heureuse, elle qui a découvert l’apnée il n’y a même pas deux ans…! Un grand bravo à elle ! »
Les épreuves se déroulent sur 10 jours et sont au nombre de 3 :
le poids constant en monopalme (CWT)
le statique (STA)
le dynamique monopalme (DYN).
L’équipe de France AIDA féminine est composée de :
Marie Ekstets
Justine Nicolas
et Émilie Vernier
Épreuve de poids constant (CWT)
Ce lundi 19 septembre avait donc lieu l’épreuve de profondeur en mer, épreuve la plus récente pour Marie qui ne comptabilise qu’une dizaine de plongées en lac depuis ses débuts dans le monde du « dessous » il y a quelques semaines… Verdict ? 35 mètres validés ! Un bon début pour attaquer ces championnats du monde…
Les deux autres membres de l’équipe, Justine Nicolas et Émilie Vernier, valident elles aussi respectivement 40m et 45m.
L’épreuve de statique (STA)
Ce jeudi 22 septembre avait lieu la première épreuve piscine : le statique. Marie sait ce qu’elle a à faire : performer et valider. 2ème verdict ? 6.39min ! Nouveau record personnel, 1ère performance féminine de ces championnats et qui la classe parmi les meilleures mondiales de la discipline…! Énorme…!!!
Au niveau de l’équipe, Émilie Vernier valide 5.41min et Justine Nicolas 4.58min. Pour l’instant, après ces deux épreuves de profondeur et de statique, l’équipe de France féminine se classe 8ème de ces Championnats.
L’épreuve de dynamique monopalme (DYN)
Ce samedi 24 a donc eu lieu l’épreuve de monopalme, et quelle épreuve ! La dernière, donc tout se joue là pour le podium définitif par équipe…
Chez les filles, notre Marie internationale valide un solide 170m et améliore son PB de 20 mètres, énorme ! N’en doutons pas : il y en a encore sous la palme… Ce sera l’objectif de la prochaine saison. (suite du texte : voir ci-dessous)
Émilie Vernier tente le tout pour le tout avec 180m, mais sort en syncope : carton rouge. Dommage pour l’équipe… Les chances d’améliorer le classement général s’arrêtent là… Quant à Justine, après une très belle saison, elle fait une contre-performance avec 133m (203m validés aux Championnats du monde individuel en juin dernier).
Chez les garçons, quel suspense ! En hommes d’expérience, Guillaume Bussière valide 250m et Alexis Duvivier 270m. On attend désormais Vincent Matthieu…… qui sort à 224m ! Et au niveau du classement général chez les hommes, l’équipe de France Hommes est VICE-CHAMPIONNE DU MONDE !!! Yes !
Attendez, attendez, ce n’est pas fini… Lors de l’épreuve de profondeur, l’organisation a fait une très grosse erreur (-20m sur la mesure du câble…). Erreur de l’organisation qui coûte très très cher à l’équipe de France… Pourquoi ? Parce que les français ont été très très sport en acceptant de prendre à leur charge l’erreur de l’organisation (101m qui se sont transformés en 81m, la profondeur effectivement atteinte puisque le carton blanc était placé à 81m…). En jouant la sportivité, nos français laissent donc le titre de champions du monde à l’équipe tchèque… Bref, encore beaucoup de rebondissements !
En ayant validé proprement toutes ses performances, amélioré tous ses records personnels, et réalisé la meilleure performance féminine en statique lors de ces championnats du monde par équipe, Marie Ekstets est tout simplement heureuse, elle qui a découvert l’apnée il n’y a même pas deux ans…! Un grand bravo à elle !
Elle a été LA révélation des Championnats de France FFESSM 2016 à Chartres, découvrez qui est Marie Ekstets au travers de cette interview.
1. Vice-championne de France en statique, vice-championne de France en sans palme, et vice-championne de France au classement général ! En un mot, Marie, comment te sens-tu ?
ACCOMPLIE !
2. Mais avant de commencer, prénom, nom, âge, ville, nom du club ! Et une devise éventuellement ?
Marie-pierre EKSTETS, 32 ans, Aix les bains, club CPALB. Ma devise ? « Quand on veut, on peut. »
3. Tu as été LA grande révélation de ces championnats de France en terminant avec 420 points au combiné. Dans quel état d’esprit as-tu abordé cette compétition ? Quel a été ton cheminement cette saison ?
Cette compétition était la dernière de l’année, la finalité d’un entrainement de 7 mois 1/2. J’étais contente de participer aux Championnnats de France et je voulais voir l’ambiance d’une telle compétition, le stress que ça engendrait sur les compétiteurs. Un état d’esprit serein et curieux je dirais !
Cette saison, j’ai enchaîné les compétitions sur les 2 circuits (FFESSM et AIDA) car je voulais me familiariser avec le déroulement d’une journée de compet, surtout l’enchaînement des épreuves et les sensations.
4. Au fait, quand et comment as-tu débuté l’apnée ?
C’était en Egypte pendant des vacances en janvier 2014, où mon chéri Philippe me lance le défi de faire un aller / retour sans respirer… CAP !
5. Revenons en détail sur les épreuves de ces championnats. Comment s’est déroulée ton épreuve de statique (2ème place avec 6.06min) ?
Déjà je me suis faite surprendre pour la température de l’eau, plus froide qu’annoncée, et par conséquent ma combi de 2 mm n’était pas assez chaude !! Ensuite, j’ai dégluti assez rapidement et j’attendais le cap des 3min.Mes contractions sont venues et là, c’est la lutte… mais controlée ! Je savais où j’en étais mais je me suis moins évadée que d’habitude. Tant pis pour les bonnes sensations, j’écoute mon coach en qui j’ai entière confiance, il me dit 6min je pense à mon protocole et je sors : 6min06.
6. Idem pour le dynamique, comment as-tu abordé l’épreuve et ta performance de 150m (- 3m de pénalité pour mur non touché au départ), en sachant que tu travailles avec une monopalme vieille de bientôt 15 ans et toute rafistolée ?!
Je suis déçue de mes 150m en DYN. J’ai fait une mauvaise recup du statique, et à 50m mes jambes sont devenues lourdes !!! Je me suis appliquée sur la technique et je sors à 150. GRHHHH !!!
7. Tu clôtures la journée de dimanche en étant 2ème au classement général, mais rien n’est joué car le classement est très serré avec Anne Borgat qui joue également le combiné. Comment envisages-tu les choses pour l’épreuve du lendemain ?
Je joue le combiné, demain je me fais plaisir, j’aime le DNF, donc aux sensations…
8. Alors justement, le lendemain, c’est l’épreuve du sans palme. Comment gères-tu la fatigue de la veille ? Peux-tu nous raconter un peu ta performance à 126m ?
La recup ? Vélo, resto, dodo ! Le lendemain, j’arrive au départ, tranquille, je me sens bien, une bonne inspi et go ! J’aime bien sentir la glisse alors je nage beaucoup avec la force des bras… 100m, je tourne mais je paye ma nage en force pas économique, je sors à 126m, mon record !
9. Ta saison s’arrête là où tu poursuis encore un peu ? Est-ce qu’il y a une discipline que tu as particulièrement envie de développer ?
Echirolles puis Lyon par équipe, le concept d’Alain Richiou est sympa et novateur ! Sinon, les 3 disciplines ! Le statique car je ne le travaille pas, le dyn et le dnf en essayant de trouver le meilleur rapport force / vitesse (glisse). En fait, je voudrais progresser dans ma technique de nage pour qu’elle soit la plus économique et efficace possible ! Et trouver l’allure qui me corresponde sous l’eau !
10. Un petit mot de la fin ? Un conseil pour des jeunes apnéistes féminines ?
Si vous aussi vous ne savez pas faire la carpe (ou packing en anglais), ou si vous aussi vous pensiez connaître la technique de la carpe alors que vous exerciez une pression avec votre diaphragme, voici un tutoriel pour apprendre définitivement à faire la carpe !
Ah que c’est frustrant de voir ses collègues compétiteurs faire ce mouvement particulier pour emmagasiner plus d’air dans ses poumons, et de ne pas y arriver soi-même…
La carpe, quézako ?
Oui, pour rappel, la carpe c’est une technique d’aspiration de l’air, réalisée avec la mâchoire, les joues et la glotte, pour venir comprimer l’air dans les poumons (phénomène de succion).
Succion, vous avez dit succion ?
Les nourrissons, lorsqu’ils tètent le sein de leur mère, appliquent le réflexe de succion. Or nous avons tous été des bébés un jour, donc nous avons tous appliqué naturellement ce réflexe de succion. Donc nous avons tous au moins fait la carpe une fois dans notre vie ! Voilà qui est rassurant pour la suite !
La carpe, pour qui ?
Inutile d’apprendre la technique de la carpe si on fait 5min en apnée statique ou 150m en dynamique. Il y aura d’abord tellement de choses sur lesquelles se concentrer avant : le relâchement, la technique de nage, les virages, la lutte mentale, etc. Pourquoi la technique de la carpe ne devrait donc être utilisée que par peu de personnes ? Parce que si elle mal faite ou mal préparée , elle est dangereuse…
Technique de la carpe : les dangers
Il n’est pas naturel de comprimer l’air dans ses poumons. Ce phénomène n’existe nulle part ailleurs. Même en yoga, on n’utilise pas cette technique (le but est de ne jamais forcer en yoga…). Qui dit artificiel, dit dangers potentiels à la clé.
Rio Rösken, le responsable Science & Médecine de AIDA International, suivi de Rémy Dubern, nous avertissent des risques liés à la pratique de la carpe :
possible passage d’air dans les artères (embolie gazeuse)
possible passage d’air entre les poumons (pneumomédiastin)
pneumothorax et saignements des poumons
Tous ces traumatismes peuvent être potentiellement mortels s’ils sont sous-estimés et mal traités. Les facteurs aggravants reconnus sont les postures augmentant la pression thoracique (étirements ou yoga après avoir carpé) et la combinaison d’un packing extrême avec certaines disciplines (poids constant sans palmes et dynamique sans palmes). Enfin, le bloodshift et / ou un baro-traumatisme des poumons réduisent physiquement le volume pulmonaire. Associés à des carpes, ils peuvent également affecter la pression pulmonaire après une plongée profonde.
Précautions à prendre si on veut apprendre à carper
« Chez Blue-Addiction (Rémy Dubern) , voici ce que nous ajouterions fort de notre expérience :
Nous rappelons qu’il est totalement inutile de carper pour des plongées inférieures à 60m voir 70m. Avant d’utiliser ce bonus à double tranchant, préférez travailler technique, relaxation, bonne inspiration finale, mais surtout une technique de compensation précise.
Si vous décidez de commencer à carper, il est important d’y préparer son corps progressivement. Nous sommes d’avis qu’entrainer ses poumons et la musculature de la cage thoracique va dans le sens de la sécurité lorsque c’est fait correctement et prudemment : exercices respiratoires 3 fois par semaine en période d’entrainement ou de compétition en prenant un soin absolu à n’augmenter le nombre de carpes que très très progressivement, de l’ordre de 1 à maximum 2 tous les 15 jours. Tout cela est au programme du cours AIDA 4.
Des alvéoles trop étirées perdent leur élasticité, deviennent poreuse et se fragilisent à la longue, augmentant la sensibilité aux baro-traumatismes des poumons et embolies gazeuses.. Ne carpez jamais jusqu’à votre maximum. Un 60-70% est largement suffisant.
Si vous pratiquez ces étirement, il est primordial pour votre sécurité de toujours inspirer et prendre la posture, PUIS seulement carper prudemment (si vous découvrez ces étirements, les pratiquer sur une simple inspiration à 80-90% sans carpes est suffisant au départ). Ainsi, si le moindre inconfort devait apparaître vous n’êtes pas en mouvement, et pouvez relâcher un peu d’air. Alors que si vous vous enflez puis commencez à bouger et vous étirer, vous risquez de vous blesser sans avertissement au moindre faux mouvement ou à la moindre carpe de trop. Rappelons que contrairement à nos muscles, les poumons contiennent très peu de détecteurs de douleur pour vous prévenir que vous êtes en train de les endommager. Il est donc facile de se blesser sans s’en apercevoir immédiatement.
Pour l’apnée de profondeur, toujours expirer dans la dernière partie de la remontée : un peu dès 20m (pensez à prévenir l’apnéiste de sécurité, cela peut surprendre), et en tout cas sur les 10 derniers mètres. En effet, à la remontée l’air se décompresse dans les poumons plus vite que le bloodshift ne s’inverse, et donc dans un volume pulmonaire réduit, avec tous les risques de blessure que cela comporte. Source : http://www.blue-addiction.com/packing
Apprendre la technique de la carpe : le tutoriel
C’est dans le livre de Federico Mana (Equalization for freediving) que j’ai appris ce tutoriel. Oui, parce que connaître la technique de la carpe aidera fortement à réaliser la technique de compensation de Frentzel… Bref, je vous recommande ce livre, c’est un must !
Prendre une paille, un verre d’eau rempli, et son pince-nez
Pince-nez sur le nez, gonfler ses poumons au maximum
Plonger la paille dans le verre d’eau
Amener la paille à la bouche
Commence à aspirer l’eau par la paille et à la boire
C’est bon, vous savez faire la carpe !
En fait, il faut repérer les gestes qu’on fait pour boire l’eau, notamment au niveau des joues, de la mâchoire, et de la glotte.
Maintenant, essayer avec le pince-nez et avec la paille, mais sans le verre d’eau
Maintenant, essayer avec le pince-nez toujours, mais sans la paille
Maintenant essayer sans rien (voile du palais fermé donc)
Sentir cette sensation de poumons qui s’élargissent.
Attention, les premières fois, ne pas faire trop de mouvements de carpe ! Monter progressivement : d’abord 5, puis 10, puis 15. Entre 15 et 20 carpes maximum, c’est ce qu’utilisent la plupart des apnéistes compétiteurs.
Ne jamais pratiquer la carpe seul(e), en piscine ou en mer : la sur-pression engendrée peut créer une perte de connaissance immédiate ! (avec risque de noyade si voies aériennes immergées…)